J'avais fait la connaissance de Charles, aveugle de naissance, chez moi ami Vincent, vétérinaire auquel je donnais de temps à autre un coup de main. Un soir donc, je vis arriver Charles et Raphl son chien guide.
Charles dit : "mon chien est plein de boutons"
Le diagnostique allait s'avérer exact quand j'entendis mon ami Vincent prononcer une phrase pour le moins étonnante
" Il s'agit d'un eczéma affectif !"
Charles venait de Belfort car le réputation de mon ami Vincent était régionale. N'empêche que ce soir là, je lui demandais en autrichien, langue que nous parlions tous les deux, s'il ne se fichait pas du monde.
Et c'est en interrogeant Charles que nous avons appris que le soir de Noël, il avait fait une dernière promenade. Le chien était rentré mouillé ; alors on avait fêté Noël sans lui, qui devait rester à la cuisine. Et Vincent de rajouter : "je ne peux rien pour vous. Il vous faut arranger cela en famille."
L'incident m'avait tellement bouleversé que je décidai d'étudier de plus près la relation de l'aveugle et de son chien. C'est ainsi que j'ai habité plusieurs jours avec Charles et que je me suis mis un bandeau sur les yeux pour apprendre à connaître les vraies difficultés de sa vie.
On ne peut que sortir grandi d'une pareille expérience et Charles est venu un soir raconter sa vie d'aveugle devant un magnétophone. Il a parlé pendant plus d'une heure sans la moindre hésitation et quand j'ai eu terminé mon diaporama il m'a dit : "je viens le voir et je voudrais que tous me copains aveugles le voient aussi"
Voilà ce que je voulais vous raconter, car ce soir en triant mes diapos
j'ai trouvé celle de l'homme qui marchait dans une gloire de lumière en me laissant l'impression que c'est nous autres qui pataugions dans le noir.
JLL et Sergala se souviennent certainement de la soirée de projection avec dans la salle Charles et son chien qui dressait l'oreille